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Une collaboration internationale[i] menée par le Professeur Wolf Hervé Fridman du Centre de Recherche des Cordeliers (Inserm, Sorbonne Université, Université de Paris) et impliquant notamment en France l’équipe CIT (Cartes d’Identité des Tumeurs), l’Institut Bergonié à Bordeaux et le Groupe Sarcome Français, ouvre la voie à la personnalisation des traitements des sarcomes des tissus mous en reconnaissant le rôle important des lymphocytes B dans la réponse à l’immunothérapie de patients atteints de ces cancers[ii]. Ces résultats sont à paraitre dans Nature le 15 janvier 2020.

 

Sarcomes des tissus mous : quand faut-il traiter par immunothérapie ?

Les sarcomes des tissus mous sont un groupe hétérogène de cancers agressifs et résistants à la chimiothérapie. Dans les essais cliniques, seuls 15 % des patients répondent à l’immunothérapie, ce qui pose le problème de l’exposition inutile des autres patients à la toxicité de ces traitements. Identifier des marqueurs prédisant la réponse à l’immunothérapie est donc un enjeu primordial. Pour ce faire, les chercheurs ont analysé 608 tumeurs, qu’ils ont classées en trois groupes sur la base de la composition de leur microenvironnement tumoral :

  • Les tumeurs immunologiquement pauvres
  • Les tumeurs immunologiquement riches
  • Les tumeurs fortement vascularisées.

L’analyse des tumeurs in situ a montré que la classe immunologiquement riche est caractérisée par la présence de structures lymphoïdes tertiaires, agrégats de différents types cellulaires, riches en lymphocytes B, au sein desquelles s’initie une réponse immunitaire anti-tumorale.

 

Vers des traitements personnalisés des sarcomes des tissus mous

Dans un essai clinique de phase 2, les patients du groupe « immunologiquement riche » ont montré un taux de réponse élevé (50 %) à une immunothérapie : le pembrolizumab. Ces patients ont en outre un taux de survie plus élevé que ceux des autres groupes.

Dans un objectif de médecine personnalisée, ces résultats pourraient aider à guider la prise de décision clinique et le traitement des patients grâce à un simple test permettant d’identifier le groupe « immunologiquement riche ».

 

Des résultats étendus à d’autres types de cancers

Ces observations concernent également le mélanome et le cancer du rein, comme le démontrent  deux autres articles, l’un d’une équipe américaine[iii], co-signé par l’équipe de Wolf Hervé Fridman, l’autre d’une équipe suédoise.

Ces résultats montrent que, en plus des lymphocytes T habituellement étudiés, les lymphocytes B sont essentiels dans la réponse à l’immunothérapie pour certains cancers. Ils apportent un nouvel espoir pour le traitement des sarcomes des tissus mous, cancers particulièrement résistants aux thérapies classiques.

 

Un premier essai clinique en cours

Sur la base de ces résultats, un essai clinique, coordonné par le Pr Antoine Italiano (Institut Bergonié, Université de Bordeaux, co-auteur de l’article) et sélectionnant les patients traités grâce au test d’identification du groupe « immunologiquement riche » est actuellement en cours au sein du Groupe Sarcome Français. Si cet essai permet de valider les marqueurs identifiés par le Professeur Fridman et son équipe, cette découverte modifiera la pratique clinique au bénéfice des malades.

 

 

Contacts :
Wolf Hervé Fridman : herve.fridman@crc.jussieu.fr
Catherine Sautès-Fridman : catherine.fridman@crc.jussieu.fr

 

 

[i] Avec les équipes d’Aurélien de Reyniès (Carte d’Identité des Tumeurs, Ligue nationale contre le cancer, Paris) et d’Antoine Italiano (Institut Bergonié, Bordeaux), la National Taïwan University à Taïpei et le MD Anderson Cancer Center à Houston (USA).

[ii] B cells are associated with sarcoma survival and immunotherapy response, Nature in press.

  1. Petitprez, A. de Reyniès, E. Z. Keung, T.W. Chen, C.M. Sun, J. Calderaro, Y.M. Jeng, L.P. Hsiao, L. Lacroix, A. Bougoüin, M. Moreira, G. Lacroix, I. Natario, J. Adam, C. Lucchesi, Y. Laizet M. Toulmonde, M. A. Burgess, V. Bolejack, D. Reinke, K. M. Wani, W.L. Wang, A. J. Lazar, C. L. Roland, J. A. Wargo, A. Italiano, C. Sautès-Fridman, H. A. Tawbi and W.H. Fridman.

[iii]B-cells and tertiary lymphoid structures contribute to immune checkpoint blockade response, Nature in press.

  1. B.A. Helmink; S.M. Reddy; J. Gao; S. Zhang; R. Basar; R. Thakur; K. Yizhak; M. Sade-Feldman; J. Blando; G. Han; V. Gopalakrishnan; Y. Xi; H. Zhao; R.N. Amaria; H.A. Tawbi; A.P. Cogdill; W. Liu; V.S. LeBleu; F.G. Kugeratski; S. Patel; M.A. Davies; P. Hwu; J.E. Lee; J.E. Gershenwald; A. Lucci; R. Arora; S. Woodman; E.Z Keung; P-O Gaudreau; A. Reuben; C.N. Spencer; E.M. Burton; L.E. Haydu; A.J. Lazar; R. Zapassodi; C.W. Hudgens; D.A. Ledesma; S. Ong; M. Bailey; S. Warren; D. Rao; O. Krijgsman; E.A. Rozeman; D. Peeper; C.U. Blank; T.N. Schumacher; L.H. Butterfield; M.A. Zelazowska; K.M. McBride; R. Kalluri; J. Allison; F. Petitprez; W.H. Fridman; C. Sautes-Fridman; N. Hacohen; K. Rezvani; M.T. Tetzlaff; P. Sharma; L. Wang; and J.A. Wargo.