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2018 est et restera l’année qui vit la chirurgie de la carcinose péritonéale entrer dans l’ère de la médecine basée sur des preuves. Deux essais français présentés à l’ASCO ont en effet mis un terme à plusieurs décennies de consensus d’experts sur la CHIP (Chimiothérapie intrapéritonéale hyperthermique). Prodige 7 (Poster LBA3503) et ProphyloCHIP (Poster 3531) démontrent que la CHIP appliquée à la carcinose péritonéale colorectale (CPCR) n’augmente pas la survie mais à l’inverse induit une surmorbidité. Le traitement de la CPCR est donc la chirurgie radicale lorsqu’elle est possible, associée aux traitements systémiques (Voir Evrard S [Bulletin du Cancer 2018 ; Vol. 105 – N° 9 – p. 839-841] Autopsie d’un consensus d’expert. Pour en finir avec la chimiothérapie hyperthermique intrapéritonéale dans la carcinose colorectale)

Le traitement des métastases hépatiques colorectales a atteint une certaine maturité avec la formulation des règles de la chirurgie d’épargne parenchymateuse (Voir Parenchymal sparing surgery brings treatment of colorectal liver metastases into the precision medecine era. Evrard S et al ; European Journal of Cancer 2018; 104: 195-200.). L’essentiel des publications portent dès lors sur la recherche de facteurs biologiques pronostiques. Les principales retrouvent le rôle délétère de la mutation de k-ras et de B-raf V600 E sans pour autant parvenir à établir de scores qui pourraient détourner un patient d’une chirurgie possible. Tout ou presque reste donc à faire pour trouver de vraies stratégies collaboratives entre traitements systémiques et locaux. A noter le lancement de l’étude ILOC EORTC-1560-GITCG qui va tenter de montrer un effet abscopal en combinant ablation percutanée et immunothérapie systémique. A ce titre la redécouverte de l’intérêt de doper l’immunité antitumorale en oncologie digestive doit nous amener à requestionner le bilan des curages ganglionnaires en chirurgie viscérale oncologique. Est-il toujours aussi légitime de vouloir retirer de multiples ganglions qui sont autant d’effecteurs de l’immunité qui viendront à manquer quand nous disposerons d’immunothérapies efficaces? Plusieurs grands essais randomisés ont récemment démontrés l’absence d’efficacité thérapeutique des curages extensifs.

La chirurgie du cancer du rectum continue à progresser notamment pour les formes les plus à risques de complications postopératoires c’est-à-dire celles traitées par radiochimiothérapie préopératoire. Les résultats préliminaires de l’essai Cascador (NCT01876901) seront divulgués en fin d’années. En avant-première pour les lecteurs de Bergonews, nous pouvons esquisser que l’anastomose coloanale en deux temps (ou différée) diminue le risque de fistule anastomotique par rapport à l’anastomose coloanale classique avec réservoir et ce sans recourir à la pratique d’une stomie de diversion prophylactique. Bergonié est ainsi en passe de renouveler le standard du rétablissement de continuité après chirurgie du cancer du rectum.